Quoi que fassent les hommes pour en imposer aux femmes, dans le monde des femmes, ils ne comptent point. Dans le monde des femmes, seules comptent les autres femmes.
Lorsqu'une d'elles remarque qu'un homme dans la rue se retourne sur elle, naturellement, elle s'en r jouit. Si l'homme est habill de fa on co teuse ou roule dans une voiture de sport grand luxe, sa joie est d'autant plus grande, joie comparable celle d'un porteur d'actions qui lit un rapport de bourse favorable. Pour la femme, que l'homme soit bien physiquement ou non, sympathique ou non, intelligent ou non, ne joue absolument aucun r le. L'actionnaire lui non plus ne se pr occupe pas de la couleur de l'encre dont on imprime son coupon.
Mais qu'au contraire une femme s'aper oive qu'une autre se retourne sur elle -- ce qui en r alit n'arrive que dans des cas extr mement rares, car elles emploient pour se juger r ciproquement des talons de mesure bien plus impitoyables que ceux des hommes -- alors, elle a atteint son objectif le plus lev . C'est pour cela qu'elle vit, pour tre reconnue, admir e, « aim e , par les autres femmes.
L'Homme subjugu tait un pamphlet, intelligent et plein d'humour, crit par une femme contre les femmes. Le Sexe polygame, charge de la m me virulence mais adoptant un point de vue plus philosophique, tait un livre sur le rapport de la femme au d sir et son besoin de s curit affective et mat rielle.
Avec Pour une nouvelle virilit , troisi me volet du triptyque qu'Esther Vilar a consacr avec succ s l'analyse des rapports entre hommes et femmes dans les pays industrialis s d'Occident, c'est la situation du m le qui est mise en cause ce m le vendu ses patrons, l' tat, la famille, ch tr par le travail productif qui puise sa puissance sexuelle, alors que la femme exige de lui un orgasme toujours renouvel ...
coups de fl ches empoisonn es, de sarcasmes, et m me de gifles envoy es la figure des femmes - et aussi des hommes -, Esther Vilar rouvre avec brio le proc s du matriarcat florissant d guis sournoisement en patriarcat oppressif.
Mais le pamphl taire se double ici d'un r formateur social. Car Esther Vilar nous donne le programme d taill d'une authentique r volution socio culturelle, seule capable de modifier la relation entre l'homme et la femme. Cela va de la semaine de travail de vingt-cinq heures (la femme prenant sa part de ce fardeau commun) la rente vers e chaque enfant depuis sa naissance jusqu' la fin de ses tudes; de l'abolition de la mise la retraite obligatoire la modification des horaires scolaires (plus de prisons pour enfants). Etc.
On favoriserait ainsi, non seulement la naissance d'une soci t r ellement galitaire, mais aussi les conditions n cessaires l'affirmation par l'homme de sa virilit - et bien s r, par la femme, de sa f minit -, l'une et l'autre s' panouissant dans leur diff rence fondamentale.
Tel est l'aboutissement d'une r flexion qui s'est tendue sur plusieurs ann es. R flexion en forme de bombe, certes, car Esther Vilar ne manque ni d'audace ni d'originalit , mais parfaitement logique et tablissant un syst me social neuf, complet et coh rent.